Conférence Web : L'illusion coûteuse du dépistage organisé du cancer du sein.
L'illusion coûteuse du dépistage organisé du cancer du sein
Depuis plus de 20 ans une propagande opiniâtre a fait croire aux femmes que le dépistage organisé du cancer du sein sauve des vies et limite le risque de mutilation.
Des chiffres de 30 à 40 % de gain de guérison sont même parfois avancés. Il s'agit la d'une publicité mensongère qui repose sur une imposture entretenue par tous les bénéficiaires de la peur du crabe : La désinformation est même couronnée par notre ministre de la santé qui, à l'occasion d'octobre rose, prétendait que "personne ne remet en cause l'utilité du dépistage".
Le trop est l'ennemi du bien...
En réalité en 2014, en France, les inconvénients et complications du dépistage dépassent ses bénéfices allégués et depuis plus de dix ans de nombreuses études scientifiques montrent que si le bénéfice du dépistage est incertain, ses complications liées au faux diagnostic, surdiagnostic et surtraitements sont avérées et fréquentes.
L'illusion du dépistage
L'illusion du gain de chances de guérison par le diagnostic précoce repose sur l'expérience des cancérologues lorsque la chirurgie constituait le seul traitement. À cette époque on mutilait les femmes et on en guérissait moins de 30 %, principalement celles vues avec un petit cancer. Elle s'appuie aussi sur l'étude publiée en 1985 par Laszlo clamant l'intérêt des mammographies systématiques et avançant un gain de survie de 30 % chez les femmes soumises au dépistage. On sait depuis que l'étude de Tabar était biaisée et que l'auteur entretenait des liens financiers non déclarés avec une entreprise fabriquant des mammographes. C'est pourtant cette étude et quelques essais randomisés initiés par des partisans du dépistage systématique sur des groupes non représentatifs de la population générale qui a poussé l'OMS puis les principaux gouvernements des pays développés à engloutir des sommes considérables d'argent public dans le dépistage organisé sans jamais évaluer sa réelle utilité. Lorsque que l'on demande aux responsables du dépistage une évaluation de leur efficience, ils se contentent de répéter "c'est trop tôt... Mais nous améliorons la qualité du dépistage... Bientôt nos tests permettront de reconnaître les tumeurs qui n'évolueront pas... Il faut augmenter le pourcentage de femmes dépistées...". Qui peut accepter qu'un programme de santé publique qui mobilise chaque année près de 1,5 milliard d'euros depuis 10 ans ne soit pas évalué de manière objective par des statisticiens indépendants des bénéficiaires directs du programme ?
Les plus récentes études dont on dispose concluent toutes que depuis l'amélioration des traitements le dépistage organisé, expose actuellement les femmes à beaucoup (20 à 40 %) de complications dues aux faux positifs, aux faux négatifs (cancer de l'intervalle) et surtout aux surdiagnostics et aux surtraitements alors que son bénéfice en termes de survie est au mieux minime. Ainsi la macro-analyse du réseau Cochrane conclut : "Si un décès par cancer du sein est évitable par le dépistage chez 2 000 femmes suivies pendant 10 ans, on allonge la survie d'une femme mais au prix de 10 surdiagnostics entraînant autant de surtraitements". La conférence suisse des directeurs cantonaux de la santé affirmait en 2005 : "Le dépistage par mammographie ne réduit que de façon insignifiante (0,07 %) le risque, pour chaque femme entre 50 et 70 ans, de mourir d'un cancer du sein."
La revue Prescrire parue en 2007 confirme : "
L'efficacité du dépistage sur la mortalité par cancer du sein reste incertaine... Le dépistage, n'a pas diminué le nombre d'ablations complètes du sein, En pratique. La balance bénéfice-risque penche du côté des effets indésirables". Peu ou non efficace sur la mortalité le dépistage ne l'est pas davantage sur la diminution des gestes chirurgicaux mutilants. Selon une étude présentée au congrès de la Société de sénologie, le nombre d'ablations du sein pour traiter un cancer a augmenté entre 2005 et 2009 avec 17 916 cas en 2005 contre 18 627 en 2009.
Il est urgent d'arrêter les campagnes de propagande mensongère sur le dépistage. Il est scandaleux d'inciter financièrement les médecins à pousser les femmes à se faire dépister sans leur fournir une information honnête en violation des demandes répétées de nos députés. Il faut décréter un moratoire sur le dépistage organisé tant qu'il n'aura pas été conçu de manière à obtenir des données fiables quant à sa qualité, son efficacité et ses retombées sur la qualité de vie des femmes concernées.