Colloque et conférence du Dr Delépine : Conférence Web : La peur du crabe

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Conférence Web : La peur du crabe



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La peur du crabe

Exploitation du cancer à des fins commerciales

Conférence sur l'internet de Nicole Delépine

mardi 7 janvier 2014 à 14h30 (h. du Québec) et à 20h30 (h. de Paris)


Alors que la diminution du taux standardisé de mortalité par cancer est en moyenne de - 1,1 % par an chez l'homme et - 0,9 % chez la femme, le rapport Neuwirth[1] en 2001 affirmait : "le cancer est le principal défi auquel est confronté notre système de santé publique".

La peur, instrument de pouvoir
La peur est un instrument au service d'une élite au pouvoir ou d'insurgés en marche, instrument créé et façonné par des responsables (ou des activistes) qui espèrent en tirer un bénéfice politique, soit parce qu'elle peut les aider à atteindre un objectif politique déterminé, soit parce qu'elle reflète ou donne du poids à leurs croyances morales ou politiques, quand ce n'est pas pour ces deux raisons réunies.[2] Machiavel déjà avait bien théorisé que "maintenir les hommes dans la peur, c'est les maintenir dans un grand pouvoir".

Aussi quand l'obsession du pouvoir est de plus en plus l'argent, il convient de réactiver les peurs ancestrales de la mort, cachée dans nos sociétés et de fait encore plus effrayante, de la maladie et de ces tumeurs qui peuvent se développer n'importe où sur votre corps et devenir de monstrueux choux-fleurs capables de vous défigurer.

A l'heure où Big Pharma est devenue valeur refuge de la Bourse, il est opportun de focaliser les populations sur leur santé via émissions variées télévisées et médiatiques qui les détourneront des problèmes triviaux du chômage, des impôts et de l'école pour se concentrer sur leur ombilic. Restera à les orienter sur les pathologies pour lesquelles les prix des médicaments exorbitants seront une manne financière pour l'industrie pharmaceutique et ses alliés et les actionnaires et d'imposer aux médecins l'usage de ces traitements même si leur efficacité n'est pas prouvée. Le tour sera joué.

Le cancer, maladie plus que millénaire, devint un centre d'intérêt majeur à la fin du siècle dernier. Si le nombre de cancers semblait augmenter via le vieillissement de la population et la multiplication des dépistages dont on discutera ailleurs de l'opportunité, la mortalité globale tendait à diminuer régulièrement et la présentation elle – même des tumeurs même mortelles semblaient aux dires des vieux praticiens moins « horribles » grâce à l'apparition de la radiothérapie depuis les années 50 et des chimiothérapies depuis les années 70-80.

Responsables, mais non coupables...
L'inquiétude des politiques après les scandales sanitaires successifs où ils se jugèrent responsables mais non coupables (sang contaminé, vache folle, hormone de croissance) de la décennie 1980-1990, la peur des gouvernants après "l'épidémie politique du SIDA"[3], l'éveil populaire des patients vis-à-vis des autres maladies chroniques, y furent probablement pour quelque chose. Mais derrière toutes ces bonnes "raisons" une plus sordide émerge, même peut-être mâtinée de bonnes intentions : le séquençage du génome et la croyance qu'on allait tout résoudre avec le génome et l'identification des mutations en particulier celles des cancers.

Les chercheurs crurent en la forme moderne de la prédestination, le Dieu génétique et utilisèrent leur travail hospitalo-universitaire pour fonder des Start-ups censées leur faire faire fortune et pourquoi pas gagner le prix Nobel. Tout l'argent disponible fut orienté génétique avec de superbes machines pouvant identifier 500 mutations par jour dans des labos où la routine ne pouvait plus se faire sur place faute de crédits pour remplacer les congélateurs rendus obsolètes par de nouvelles normes.

Alors au lieu d'avouer avec une certaine fierté que la mortalité du cancer avait diminué régulièrement en France[4], il fallait affoler le citoyen. Et ce, aidé par les nombreuses assertions mensongères d'un certain nombre de négationnistes du traitement du cancer pas toujours désintéressés car désireux de vendre leur médicament et/ou remède miracle (articles de journaux, radio, livres, nombreux sites internet). On passera en revue de nombreux bénéficiaires de la peur du crabe, il sera difficile d'être exhaustif …


[1] choix santé Rapport d'information n°419 rectifié, fait au nom de la commission des affaires sociales par la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer par Lucien Neuwirth sénateur. PV du 27 06 2001
[2] La peur : Histoire d'une idée politique, de Corey Robin, éd. Armand Colin
[3] Une épidémie politique : la lutte contre le Sida en France 1981-1996, de Patrice Pinell, éd. PUF, 2002, 387 pages
[4] Entre 1980 et 2005, la mortalité par cancer a diminué de 24 % chez l'homme, 22 % chez la femme.


Nicole Delépine
Née en 1946 à Paris, mariée, mère de 2 enfants, et grand-mère de cinq petits-enfants, Nicole Delépine a soutenu son doctorat de médecine devant la Faculté St Antoine de Paris en 1973.

Ancien Interne et ancien Chef de Clinique des Hôpitaux, Nicole Delépine s'est successivement spécialisée en pédiatrie puis en cancérologie. Nommée Médecin des Hôpitaux en 1980, elle dirige actuellement l'Unité de Cancérologie pédiatrique de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches (Assistance publique hôpitaux de Paris), unité créée en 2004 par le Pr Douste Blazy alors ministre de la santé afin d'installer de façon « durable » une offre de soins individualisée en oncologie pédiatrique en milieu universitaire à la demande soutenue des familles et des associations.

Elle a été membre de nombreuses sociétés savantes dont la prestigieuse Société Américaine d'Oncologie Clinique (A.S.C.O.) et la Société Américaine de Recherche en Cancérologie (AACR).

Elle est l'auteur d'une centaine d'articles originaux et a présenté de nombreuses communications dans les congrès internationaux. Les résultats de ses travaux ont été confirmés à l'étranger et inspirent des protocoles thérapeutiques internationaux. Elle a organisé avec son équipe depuis 1988 chaque année des colloques nationaux et internationaux portant alternativement sur la cancérologie et sur les problématiques du médicament, de l'éthique médicale et des pratiques.

La réputation internationale de son équipe médicochirurgicale associant la chimiothérapie de pointe individualisée et la chirurgie conservatrice mise au point et développée par le Dr Gérard Delépine depuis les années 80 est considérable dans le domaine des tumeurs des os et des parties molles. Cette renommée internationale a permis à cette petite équipe créatrice et indépendante de résister au long des décennies aux représentants de la pensée unique et de la médecine purement normative qui ont tenté de la faire disparaître à plusieurs reprises.


Elle publie régulièrement des tribunes dans différents médias. Elle a publié quatre livres, et régulièrement des articles sur les tribunes de différents médias.
- Neuf petits lits au fond du couloir, 2000 éd. Michalon
- Ma liberté de soigner, 2006 éd. Michalon
- La face cachée des médicaments, 2011 éd. Michalon
- Le cancer un fléau qui rapporte, 2013 éd. Michalon



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